Un maire en place peut parfaitement se représenter dans sa commune. Il a souvent de grandes chances d’être réélu étant donné la tendance des candidats en place à recevoir les faveurs des électeurs. Toutefois, il ne peut pas considérer sa place comme acquise. Le maire sortant doit donc orienter sa stratégie de campagne de la bonne façon. De plus, il doit nettement distinguer sa fonction de maire de celle de candidat lors de la campagne. Son impartialité doit se manifester de façon objective, notamment lors des événements officiels.
Une stratégie de capitalisation sur les réussites du maire sortant
Lorsqu’un maire sortant se présente à sa propre succession, sa principale force réside dans le bilan de son mandat. La période électorale est idéale pour rappeler aux électeurs les réussites concrètes obtenues au cours des dernières années. Par exemple, la mise en œuvre de projets significatifs pour la commune, de nouveaux services à la population, ou de la modernisation des équipements municipaux. Chaque action positive doit être mise en avant comme un accomplissement collectif dont les citoyens sont bénéficiaires.
Dans ce cas, il faut évidemment des preuves tangibles de la bonne gestion du maire. Il peut s’agir par exemple de chiffres sur les finances de la commune ou la création d’emplois locaux. Un axe de communication consiste à montrer que les promesses de la dernière élection ont été tenues. Le but final étant que l’électorat mesure l’impact positif direct de la gestion de la commune.
En se positionnant comme le garant de la continuité et de la stabilité, le maire sortant peut également projeter une vision pour l’avenir, tout en s’appuyant sur les bases solides posées durant son mandat. Sa stratégie de campagne est alors une invitation à continuer le travail engagé, avec des améliorations et des projets encore plus ambitieux pour les années à venir. Ce discours de continuité a la vertu de rassurer l’électorat. C’est encore plus vrai dans une période où l’incertitude politique est particulièrement délétère.
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Insister sur l’expérience et la capacité à gérer la commune
Un maire sortant possède un atout considérable face à ses concurrents : l’expérience. Sa position stratégique doit être un argument de poids tout au long de la campagne. Chef de la mairie, il maîtrise les rouages complexes de la gestion municipale. Les électeurs doivent comprendre que cette expertise garantit une efficacité opérationnelle que de nouveaux venus peineraient à égaler.
C’est aussi l’occasion de souligner subtilement l’inexpérience des candidats opposants. En effet, un nouvel élu, même avec de bonnes intentions, pourrait avoir besoin de plusieurs années pour comprendre et maîtriser les procédures administratives et budgétaires. Ce qui ralentirait la mise en œuvre des projets. En d’autres termes, l’électorat doit prendre conscience que confier la ville à un novice pourrait entraîner une période de tâtonnements.
En opposant cette incompétence potentielle à son expérience éprouvée par un mandat, le maire sortant peut rassurer les citoyens sur la capacité de l’équipe actuelle à maintenir une gestion stable et à éviter des erreurs coûteuses pour la collectivité.
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Les deux dernières années d’un mandat municipal peuvent être propices à des actions de proximité. Le maire peut viser celles qui bénéficient directement à des catégories spécifiques de la population. La loi interdit formellement toute forme de clientélisme. Sans tomber dans cette dérive, le maire peut prendre des mesures phares. Il doit viser celles qui répondent aux attentes des citoyens dans des secteurs essentiels. Par exemple l’aménagement urbain ou la réhabilitation de structures locales.
L’art de la communication ici réside dans la capacité à expliquer que ces actions, bien qu’initiées dans les dernières années du mandat, font partie d’une stratégie globale mise en place dès le début. Il ne s’agit pas de “cadeaux” électoraux mais de réponses pragmatiques aux besoins de la commune qui auraient été identifiés en cours de mandat. Ainsi, l’électorat peut percevoir ces initiatives comme des preuves supplémentaires de l’engagement constant du maire envers l’amélioration des conditions de vie locale.
Il convient d’adopter un ton modéré et bienveillant dans cette approche pour éviter toute accusation de manipulation électorale. Le maire doit réellement être un acteur qui agit dans l’intérêt commun et non pour une catégorie particulière de l’électorat. Mais l’être n’est pas suffisant. Il doit également s’assurer que cela se sache. C’est l’équilibre d’une stratégie de campagne de maire sortant : avoir les moyens d’être droit dans ses bottes tout en le faisant savoir.
Rester dans les règles : ne pas utiliser les moyens municipaux pour la campagne
En 2020, 83% des maires sortants qui se sont présentés à nouveau ont été reconduits dans leur fonction. Donc gardez à l’esprit qu’un maire a toutes les cartes en main pour rester en place. Un danger qui peut le guetter est de trop en faire. Surtout avec les ressources de la mairie à sa disposition. Il peut être en effet tentant d’utiliser les moyens de la mairie pour renforcer sa visibilité. Cependant, toute tentative d’utiliser les ressources publiques pour servir sa réélection est complètement illégale. La stratégie de campagne du maire sortant ne doit donc pas intégrer les ressources de la mairie. En parallèle, il est tout aussi important de permettre aux opposants d’accéder aux mêmes infrastructures pour mener leur propre campagne.
Le respect des règles électorales est fondamental, et tout le monde y sera attentif. Les électeurs comme les autres candidats et même la presse. Car tous veulent une élection juste, où chaque candidat dispose des mêmes chances. Le maire sortant doit donc veiller à ce que ses actions durant la campagne soient distinctes de son activité quotidienne de gestion municipale. Toute ambiguïté à ce sujet peut faire l’objet d’un recours devant le tribunal administratif. Et si elle est avérée, elle peut entraîner une annulation de l’élection et une peine d’inéligibilité.