En 2026, plus de 49 millions de citoyens se rendront aux urnes pour les élections municipales. Cependant, il n’y a pas toujours eu autant d’électeurs en France, car l’histoire du suffrage a connu de nombreux revirements. Ainsi, le maire n’a pas toujours été élu de la façon que nous connaissons. À quelques mois des élections, prenons un peu de hauteur. Parcourons l’histoire du vote en général, et surtout l’histoire du suffrage municipal français.
L’histoire du vote en France
En France, l’histoire du vote est intimement liée à celle des régimes politiques successifs. Sous l’Ancien Régime, les communautés élisaient leurs représentants pour siéger dans les assemblées provinciales. En 1789 par exemple, les Français désignent leurs délégués parmi les chefs de famille. En 1791, le suffrage censitaire s’impose, jusqu’à sa transformation en suffrage universel masculin en 1848. L’âge pour voter reste à 21 ans.
Bien plus tard, les femmes obtiennent elles aussi le droit de vote au sortir de la Seconde Guerre mondiale. Trente ans plus tard, en 1974, l’âge pour participer au suffrage est abaissé à 18 ans. La politique européenne a aussi eu une influence sur le corps électoral français. En effet, depuis le traité de Maastricht (1992), les ressortissants de pays européens peuvent figurer sur les listes électorales et participer aux scrutins locaux. Ils peuvent prendre part au suffrage municipal, à condition de jouir de leurs droits civiques et politiques dans leur pays d’origine. Ils ne peuvent toutefois devenir maire ou adjoint, car ces fonctions exécutives restent réservées aux citoyens français.
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Le cas du suffrage municipal et de l’élection du maire
Contrairement aux idées reçues, les Français n’ont pas attendu la Révolution pour voter pour leur conseil municipal. Au Moyen-Âge, dans de nombreuses villes, les habitants élisaient leurs représentants, appelés échevins au nord ou consuls au sud du royaume de France. Citons par exemple les Capitouls de Toulouse, les Cinq-Cents conseillers au sein de la jurade de Bordeaux… Au fil des siècles, cette pratique disparaît dans certaines villes mais se maintient dans d’autres sous l’Ancien Régime.
En 1789, l’Assemblée Constituante crée les départements et les communes, le plus petit maillage administratif. Par conséquent, elle institue l’année suivante le maire tel que nous le connaissons. En revanche, il est élu pour deux ans seulement, non renouvelables, et par un collège restreint d’électeurs. Au cours du XIXème siècle, le maire est soit élu au suffrage censitaire, donc par des hommes âgés de plus de 21 ans payant un impôt, le cens, soit désigné par le préfet, comme ce fut le cas sous le Second Empire notamment.
Enfin, c’est la Troisième République qui pose les principes de l’élection du conseil municipal ainsi que des maires. Par la loi municipale de 1884, elle établit le cadre juridique et administratif des communes, définit la répartition des pouvoirs au sein de cette entité. Elle dispose ainsi que les conseillers municipaux sont élus pour quatre ans et désignent le maire parmi eux. Ce n’est qu’en 1929 que la durée du mandat est étendue à six ans.
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Récentes évolutions et perspectives pour le suffrage municipal
Jusqu’en 1947, le scrutin plurinominal majoritaire à deux tours, avec possibilité de panachage, s’applique à toutes les communes. En 1960, ce principe n’est plus valable dans les communes de plus de 30 000 habitants où le scrutin de liste est désormais en vigueur. Ce seuil est abaissé aux collectivités de 3 500 habitants en 1982 puis de 1 000 habitants en 2013. En mai 2024, une dernière réforme étend le scrutin de liste à toutes les communes. La désignation des conseillers à Paris, Lyon et Marseille a également subi des modifications, avec le récent changement de la loi PLM qui établit un double scrutin aux élections municipales.
Pour finir, le 28 octobre 2025, des députés ont proposé d’ouvrir le droit de vote aux jeunes de plus de 16 ans. Cette mesure vise à encourager l’investissement politique des jeunes générations, à assurer la représentativité de cette population au sein du corps électoral. En outre, ces jeunes électeurs potentiels semblent plus impliqués dans la vie politique, ce qui permettrait de réduire l’abstention aux prochaines municipales. On voit donc que le droit électoral, et donc l’histoire du suffrage municipal, sont sans cesse en évolution. Le législateur l’adapte aux besoins de la société afin que la voix de chaque électeur compte.