Le dernier sondage de l’Ifop pour Politicae révèle les préoccupations majeures des Français. En 2024, ils placent en tête de leurs attentes la santé et l’offre de soins, reléguant à la deuxième place la sécurité. Que traduit ce message clair envoyé aux maires? Comment les futures équipes municipales peuvent-elles se saisir de ce sujet? Dans cet article, nous vous proposons de décrypter les chiffres du sondage et de trouver des moyens d’action concrets pour le maire dans ce domaine.
Analyse des chiffres du sondage
Aujourd’hui, 69% des sondés placent la santé en tête de leurs attentes, contre 61% en 2017. En 7 ans, cette préoccupation aura donc progressé de 8 points, ce qui est particulièrement spectaculaire. D’abord, l’attente est nettement plus forte dans les catégories socio-professionnelles intermédiaire et modeste (72 et 73%), sans doute en raison du coût élevé des frais de santé.
Ensuite, les tranches d’âges les plus élevées mettent la santé au sommet de leurs priorités. 71% des plus de 35 ans estiment l’offre de soin prioritaire, contre 63% chez les moins de 35 ans. Ce chiffre traduit le vieillissement de la population et la demande croissante chez les personnes âgées.
Géographiquement, on constate que le manque d’accès aux soins concerne essentiellement les communes de 20 à 100.000 habitants (76%). Et donc pas seulement les communes rurales (63%). Les communes en question sont donc celles situées en zone rurale périphérique des villes, ou proche des villes mais hors de leur aire d’attraction économique. Le manque d’accès aux soins s’observe également dans les grandes villes et les zones très peuplées. Il faut donc nuancer l’opposition entre territoires ruraux et urbains.
En France, le faible numerus clausus dans les années 1990 et le départ à la retraite de nombreux médecins créent d’importants déserts médicaux, non seulement à l’échelle des régions mais aussi à l’intérieur des villes. Les quartiers prioritaires de la politique de la ville ont un accès réduit à l’offre de soins, comme en témoigne le sondage. 79% des habitants de logements sociaux sont préoccupés principalement par l’accès aux soins. L’inégalité géographique d’accès aux soins se superpose donc aux inégalités sociales et les accroît.
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Les compétences du maire en matière de santé
D’abord, notez bien que la santé est une compétence de l’Etat et de la région via les Agences régionales de Santé (ARS). Ni la commune, ni l’EPCI n’exercent de compétence obligatoire, mais peuvent recevoir une délégation de la part de l’ARS ou du département.
Pourtant le maire a tout de même un rôle à jouer dans ce domaine, notamment en vertu de ses pouvoirs de police. La clause générale de compétence dont dispose la commune est un atout pour cela. Elle donne toute légitimité au maire pour mener des actions en matière de santé. S’il ne peut intervenir directement dans le schéma national d’organisation médico-sociale, il peut défendre les intérêts de sa commune lors des commissions de l’ARS, solliciter des aides, et faire valoir les droits de sa collectivité.
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Quelques pistes d'action pour répondre à cette attente
Concrètement, le maire peut, à l’échelle de sa commune, connaître les besoins de ses administrés, établir des partenariats avec des associations, et améliorer l’aménagement.
Le maire doit d’abord bien connaître la sociologie de sa commune, pour identifier si les habitants ont davantage besoin de services aux personnes âgées ou à la jeunesse. En effet, le maire d’une commune dans un territoire vieillissant n’aura pas les mêmes objectifs qu’un édile dans une commune urbaine dynamique. Pour cela, le Centre communal d’action sociale (CCAS) est un outil pratique. Il établit le fichier des personnes âgées et dépendantes, attribue les aides sociales, dialogue avec les habitants.
De plus, le maire peut conclure des partenariats avec des associations. Par exemple, il peut demander le passage d’un bus médical itinérant, ou l’organisation d’une campagne de vaccination. Dans la même logique, il peut créer une maison de santé, regroupant des médecins généralistes et spécialistes (ophtalmologue, dentiste, pédiatre…). Cela facilitera l’accès des habitants à ces soins essentiels. La commune accorde alors des aides à l’installation des personnels de santé pour inciter les médecins à venir s’y établir. Il peut également favoriser la création de pharmacies, notamment en utilisant son droit de préemption de bail commercial pour attribuer un local à un professionnel. Ces démarches profitent ainsi non seulement aux personnes âgées mais aussi aux familles.
Enfin, l’accès aux soins est lié aux enjeux du vieillissement des territoires et du manque d’équipements de proximité. L’urbanisme et l’aménagement de l’espace public sont des moyens de faciliter cet accès et d’améliorer la santé des habitants. Le maire peut ainsi développer les espaces verts, les transports publics, encourager les mobilités douces. Une autre idée d’action concrète peut être tout simplement l’entretien des routes, pour faciliter les déplacements des infirmières à domicile dans les territoires reculés, notamment en montagne.