La sécurité est devenue une attente prioritaire des citoyens, y compris à l’échelle municipale. C’est ce que démontre l’entretien mené par Politicae avec Thibault de Montbrial, avocat pénaliste, officier de réserve et président du Centre de Réflexion sur la Sécurité Intérieure (CRSI). Dans une conversation riche et structurée, il est question des leviers concrets à disposition des élus locaux pour agir sur cette problématique dans les communes. À l’approche des élections municipales de 2026, cet entretien s’impose comme une ressource précieuse car les maires sont aujourd’hui en première ligne de la demande sociale. Et cette responsabilité, souvent ressentie par les administrés comme directe, appelle une réponse politique, technique et humaine structurée.
Le maire, acteur du lien sécuritaire dans sa commune
Loin d’être impuissant face aux enjeux de sécurité, le maire peut et doit devenir un pivot de l’action publique locale. Thibault de Montbrial rappelle que l’efficacité d’une politique de sécurité dans la commune repose d’abord sur la qualité des relations tissées avec les acteurs institutionnels. Entre autres, le préfet, le parquet, les forces de l’ordre. Loin de l’idéologie, il s’agit de connaître précisément son territoire, d’en observer les spécificités, et de construire un maillage humain capable de répondre aux situations concrètes dans sa commune.
Les élus doivent initier et entretenir un dialogue constant avec les services de l’État, identifier les interlocuteurs clés et s’investir dans une coopération fondée sur la confiance. En effet, ces liens interpersonnels, souvent décisifs dans la gestion des urgences, permettent de transformer la complexité administrative en action efficace.
Par ailleurs, la lucidité sur les limites de l’État en matière de moyens rend d’autant plus légitime un engagement proactif des maires. Refuser d’agir sous prétexte que la sécurité n’est pas une compétence communale serait un contresens politique. Les habitants attendent des mesures concrètes, pas des renvois de responsabilité.
Vidéoprotection, police municipale et posture pragmatique
Parmi les leviers opérationnels à la disposition du maire figurent deux outils majeurs : la vidéoprotection et la police municipale. Thibault de Montbrial insiste sur la nécessité de concevoir ces instruments non comme des gadgets techniques, mais comme des prolongements directs de la volonté politique. La vidéoprotection dans la commune, loin d’une société de surveillance fantasmée, repose sur un cadre juridique strict. Ce dernier garantit ainsi les libertés publiques. Elle permet d’identifier, de dissuader et d’appuyer les enquêtes judiciaires.
Concernant la police municipale, sa montée en puissance suppose une organisation claire. Par exemple, des effectifs suffisants, un armement adapté, des patrouilles en binôme. Dans un monde où les agressions peuvent survenir soudainement, une réponse rapide et formée est essentielle. Par ailleurs, le débat sur l’élargissement des pouvoirs des policiers municipaux (contrôles d’identité, consultations de fichiers) illustre les enjeux à venir dans l’architecture sécuritaire locale.
Enfin, la vidéosurveillance enrichie par l’intelligence artificielle, notamment en matière de détection d’anomalies comportementales dans l’espace public, s’impose peu à peu comme un outil décisif. Mais elle doit être pensée en lien étroit avec les risques, les besoins du terrain et les capacités d’analyse humaine disponibles.
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Une politique de sécurité adaptée à la commune, ni idéologique ni partisane
En définitive, Thibault de Montbrial souligne avec clarté qu’en matière de sécurité il ne s’agit ni de céder à la panique, ni de fuir le sujet pour éviter d’être étiqueté. La sécurité n’est ni de droite, ni de gauche. Au contraire, elle est une exigence sociale universelle. Elle touche d’abord les plus vulnérables, et en cela, constitue une véritable politique sociale.
Les maires, au plus proche du terrain, doivent s’emparer de ce sujet avec discernement, compétence et pragmatisme. Loin des postures, cet entretien démontre que la sécurité dans la commune peut être pensée de manière professionnelle, humaniste et respectueuse des libertés publiques. Il offre ainsi aux candidats municipaux un cadre d’analyse structurant pour intégrer pleinement la dimension sécuritaire dans leur projet.