La figure de l’adjoint au maire constitue un rouage essentiel du fonctionnement municipal. Cependant, sa légitimité administrative repose sur un acte fondateur : la délégation de pouvoirs opérée par le maire. Ces délégations permettent une meilleure répartition des tâches et une plus grande efficacité dans l’action publique. Elles obéissent néanmoins à un encadrement juridique précis. La tentation pourrait être grande, dans certaines situations, de voir l’adjoint se substituer au maire. Or, la loi fixe des limites claires, tant sur le fond que sur la forme. Jusqu’où, dès lors, peut aller cette délégation du maire à ses adjoints? Et dans quelle mesure l’adjoint peut-il réellement agir au nom de la commune ? C’est à ces interrogations que cet article entend répondre.

Le fondement légal de la délégation : un acte libre mais encadré
L’article L2122-18 du Code général des collectivités territoriales (CGCT) régit la délégation de fonctions et de signature du maire à ses adjoints. Cet acte n’est ni automatique ni obligatoire. Il relève de la seule volonté du maire, qui choisit librement d’attribuer certaines compétences à ses collaborateurs. Cette délégation doit obligatoirement faire l’objet d’un arrêté mentionnant précisément les matières concernées. En l’absence de cet acte formel, l’adjoint ne peut engager la responsabilité de la commune.
Le maire peut déléguer tout ou partie de ses attributions, sauf celles expressément exclues par la loi. Parmi les compétences non délégables figurent, par exemple, la délivrance des permis de construire dans certains cas, ou encore la police municipale dans ses aspects les plus sensibles. En revanche, les domaines de la gestion courante, des affaires scolaires, culturelles ou sociales sont souvent délégués. Il appartient au maire de trouver un équilibre entre efficacité administrative et maintien de son autorité politique.
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L’exercice de la délégation : autonomie de l'adjoint, responsabilité partagée
Une fois la délégation régulièrement accordée, les adjoints agissent au nom du maire, et donc au nom de la commune. Il signe les actes relevant de sa compétence, instruit les dossiers, prend des décisions et engage l’administration municipale. Toutefois, cette autonomie fonctionnelle n’emporte pas pour autant indépendance politique. Le maire reste en effet responsable des actes de ses adjoints devant le conseil municipal, les autorités de contrôle et les juridictions administratives.
Ainsi, même si l’adjoint agit seul, sa fonction s’inscrit dans le cadre d’une hiérarchie politique inchangée. En cas d’erreur ou d’illégalité, la responsabilité finale repose sur le maire, sauf faute personnelle détachable. En pratique, les maires s’assurent donc d’un suivi régulier des décisions prises par délégation. Ils peuvent, à tout moment, modifier ou retirer ses délégations, sans justification, ce qui conforte leur position de chef de l’exécutif local.
Notons également que l’adjoint ne peut se prévaloir d’une compétence déléguée en dehors du périmètre défini par l’arrêté. Toute décision prise au-delà de cette limite est susceptible d’annulation pour excès de pouvoir. La prudence reste donc de mise, surtout dans les domaines sensibles comme l’urbanisme, la commande publique ou les affaires foncières.
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Une délégation au service du fonctionnement municipal, mais non de l’émancipation politique
Si l’adjoint bénéficie d’une véritable autonomie dans l’exécution de ses missions, celle-ci ne saurait se transformer en pouvoir politique distinct. Le rôle de l’adjoint reste fonctionnel et encadré par le conseil municipal. Il ne dispose ni d’un pouvoir propre, ni d’une légitimité distincte de celle conférée par le maire. Cette distinction est essentielle, notamment pour prévenir les dérives en période pré-électorale.
Certains adjoints expérimentés ou particulièrement actifs peuvent jouir d’une forte visibilité locale. Cependant, leur autorité reste dérivée. Ils ne peuvent s’exprimer au nom de la commune que dans le cadre strict de la délégation de fonction et de signature, et jamais contre l’orientation fixée par le maire. Toute initiative politique personnelle, prise sous couvert de la délégation, est susceptible d’entraîner des tensions internes, voire un retrait de la délégation.
En définitive, la délégation de pouvoirs permet une administration plus fluide, mais elle repose sur un équilibre subtil. Trop large, elle affaiblit la figure du maire ; trop restreinte, elle entrave l’efficacité collective. Il revient donc à chaque exécutif municipal d’en calibrer l’étendue selon les besoins du territoire et la solidité du conseil en place.