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Peut-on “destituer” un adjoint au maire?

La fonction d’adjoint au maire, bien qu’elle repose sur une élection au sein du conseil municipal, ne confère pas à celui qui l’exerce un droit inamovible. En pratique, il arrive que des divergences politiques, des manquements ou des conflits personnels conduisent à remettre en cause la place d’un adjoint dans l’exécutif municipal. Peut-on pour autant le « destituer » ? La réponse suppose de distinguer les plans juridique et politique. Car si le mandat de conseiller municipal est protégé par le suffrage, la qualité d’adjoint, elle, dépend essentiellement de la volonté du maire, dans les limites posées par le droit. Cette analyse nécessite de revenir sur les procédures prévues par le Code général des collectivités territoriales pour « destituer » un adjoint au maire.

Peut-on "destituer" un adjoint au maire?

La révocation de la délégation de fonctions : un pouvoir discrétionnaire du maire

Le maire peut, à tout moment, retirer à un adjoint sa délégation de fonctions. Ce pouvoir résulte de l’article L2122-18 du Code général des collectivités territoriales. La délégation étant un acte unilatéral du maire, sa révocation n’exige aucune justification, ni consultation préalable. Il s’agit d’un pouvoir discrétionnaire qui permet au maire de garantir la cohésion de son équipe ou de réagir à des dysfonctionnements graves.

Concrètement, le retrait de délégation prend la forme d’un arrêté du maire, adressant les motifs à l’intéressé et transmis au préfet. Dès lors, l’adjoint ne peut plus exercer aucune compétence déléguée ni signer d’actes pour le compte de la commune. Il conserve cependant son mandat de conseiller municipal et, sauf décision contraire du conseil, son titre d’adjoint sans délégation. Cette situation, parfois instable, marque souvent une rupture politique mais reste conforme à la légalité.

Il est à noter que la jurisprudence reconnaît rarement un abus de pouvoir dans ces cas. Même lorsque le retrait apparaît injuste ou opportuniste, les tribunaux administratifs estiment que le maire agit dans le cadre de ses prérogatives, tant que la procédure est régulière.

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La destitution complète : un vote du conseil municipal nécessaire

Pour aller plus loin et priver un adjoint de son titre, il ne suffit pas de lui retirer sa délégation. Il faut encore procéder à son remplacement au sein du collège des adjoints, ce qui nécessite un vote du conseil municipal. En effet, l’adjoint reste élu à cette fonction par le conseil, même si sa nomination résulte d’une proposition du maire.

Le processus commence par une délibération des conseillers municipaux constatant la vacance du poste, généralement après un retrait de délégation. Ensuite, une nouvelle élection est organisée, dans les conditions prévues à l’article L2122-7-2 du CGCT. Le conseil élit alors un nouvel adjoint, ce qui met fin au mandat de celui qui occupait précédemment cette fonction.

Ce mécanisme pour “destituer” un adjoint impose un alignement politique entre le maire et une majorité du conseil municipal. Dans les situations conflictuelles, il n’est pas rare que l’adjoint conserve son titre, malgré la perte de ses prérogatives. Cette situation peut se prolonger jusqu’à la fin du mandat, dans un climat de cohabitation tendu. Elle illustre les limites du pouvoir du maire, lorsque sa majorité s’effrite.

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"Destituer" un adjoint: une décision aux conséquences politiques souvent lourdes

Même si elle est légalement possible, la destitution d’un adjoint n’est jamais anodine. Elle envoie un signal fort, à la fois au sein du conseil municipal et auprès de la population. Le maire y engage son autorité et expose publiquement les tensions internes. Dans les petites communes, où les liens personnels et la proximité électorale jouent un rôle central, cette décision peut fracturer durablement l’équipe municipale.

Sur le plan pratique, “destituer” un adjoint implique souvent une réorganisation des délégations, des services municipaux et des relations avec les partenaires extérieurs. Cela perturbe également les projets en cours si l’adjoint exerçait une mission opérationnelle (urbanisme, finances, affaires sociales…).

Enfin, d’un point de vue électoral, une telle décision peut être instrumentalisée par l’opposition ou perçue comme autoritaire si elle n’est pas clairement expliquée. Elle nécessite donc une communication maîtrisée et une solidité politique certaine. Le maire ne doit jamais sous-estimer l’impact symbolique d’un tel acte. Selon le contexte, “destituer” un adjoint peut renforcer l’autorité du maire ou précipiter une perte de confiance.