L’élection des adjoints au maire, bien qu’elle puisse paraître secondaire après celle du maire lui-même, constitue une étape fondamentale dans la mise en place de l’exécutif municipal. Elle engage à la fois des enjeux juridiques, politiques et symboliques. L’adjoint, en effet, n’est pas un simple suppléant. Au contraire, il devient un acteur actif de la vie municipale, porteur de délégations essentielles. Dès lors, la procédure d’élection doit allier rigueur démocratique et équilibre de représentation. Elle est encadrée par le Code général des collectivités territoriales, et est depuis peu identique dans toutes les communes. Comprendre cette procédure est indispensable pour tout candidat à une fonction exécutive locale.

Une procédure désormais unique dans toutes les communes
La dernière réforme des élections municipales a des conséquences directes sur le mode de désignation des adjoints au maire. Jusqu’ici, dans les communes de moins de 1.000 habitants, les conseillers municipaux étaient élus au scrutin majoritaire plurinominal. Après l’élection du maire, le conseil municipal procédait à celle des adjoints individuellement, à bulletins secrets. Chaque adjoint proposé par le maire était donc désigné séparément.
Désormais, quelle que soit la taille de la municipalité, les conseillers municipaux élisent les adjoints au scrutin de liste avec représentation proportionnelle. Ils votent sur une liste bloquée, présentée par la majorité municipale, sans panachage possible. Cette liste doit obligatoirement respecter la parité hommes-femmes, en alternant les sexes. Le vote a lieu à bulletin secret, à la majorité absolue aux deux premiers tours, puis à majorité relative en cas de troisième tour. Ce mécanisme favorise la cohérence politique de l’équipe municipale.
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Conditions de validité de l’élection des adjoints : parité, simultanéité, procédure
L’élection des adjoints n’est pas une simple formalité. De fait, elle répond à des exigences de forme et de fond, sans lesquelles les résultats peuvent être annulés. D’abord, la parité s’impose dans toutes les communes. Toute liste d’adjoints doit alterner rigoureusement un homme et une femme. Le non-respect de cette règle entraîne l’annulation de l’élection par le juge administratif.
Par ailleurs, des conditions d’éligibilité et d’incompatibilité s’appliquent aux futurs adjoints. Par exemple, un conseiller qui n’a pas la nationalité française ne peut devenir adjoint. De la même manière, être agent salarié du maire ou militaire en position d’activité sont des professions incompatibles avec un mandat exécutif dans une commune.
Ensuite, l’élection doit intervenir immédiatement après celle du maire et dans la même séance du conseil municipal. Il est impératif que le conseil fixe préalablement le nombre d’adjoints à désigner, par délibération. Ce nombre, rappelons-le, ne peut excéder 30 % de l’effectif légal du conseil municipal.
Enfin, l’élection des adjoints doit respecter la forme du scrutin secret, même en cas d’unanimité présumée. Le non-respect de cette formalité peut constituer une cause d’annulation. Quant aux aspects pratiques, il n’est pas obligatoire de préparer des bulletins imprimés, on peut simplement prévoir des papiers blancs à remplir par les conseillers. Pour l’élection d’une liste d’adjoints, ils devront recopier la liste en veillant à bien en respecter l’ordre. En pratique, les services préfectoraux veillent à la stricte conformité de la procédure, notamment dans les communes nouvelles ou en contexte contentieux.
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Une élection à fort enjeu politique : négociation, équilibre, influence
Au-delà de l’aspect juridique, l’élection des adjoints constitue un moment de vérité politique. Elle révèle les équilibres de majorité, les alliances électorales et les rapports de force internes au conseil. Le nouveau maire doit alors composer avec ces sensibilités pour proposer des candidatures acceptables par l’ensemble du conseil.
Ainsi, la constitution de la liste des adjoints reflète les choix politiques de la majorité. Dès lors, la répartition des postes entre membres de la majorité municipale, et parfois l’intégration d’élus de l’opposition dans une logique d’ouverture, relève d’une stratégie de gouvernance. Le choix des délégations futures influe également sur l’ordre de la liste, puisque le premier adjoint est souvent perçu comme un “vice-maire”, en haut du tableau du conseil. Avant de proposer une liste d’adjoints, le maire a donc intérêt à réfléchir à qui il donnera des délégations. Il peut d’ailleurs constituer une liste dans un ordre différent de celui des élections municipales.
Ce moment peut également permettre de valoriser la diversité territoriale, sociale ou générationnelle au sein du conseil. Une bonne composition des adjoints renforce la légitimité politique du maire nouvellement élu, et prépare les conditions d’un mandat stable. Par exemple, en choisissant des adjoints compétents dans les domaines dont ils seront responsables au sein du conseil (finances, urbanisme, éducation…). Inversement, une élection mal négociée peut laisser des tensions durables au sein du conseil. Voire engendrer des recours contentieux, particulièrement significatifs en début de mandat.